Par Stéphane Côté
Les origines de l’ancêtre Jean Côté demeurent malheureusement encore et toujours inconnues. Certains ont bien tenté de trouver, par le biais d’importantes recherches, mais sans succès. D’autres ont avancé des hypothèses qu’ils n’ont pu vérifier. Une poignée ont ni plus ni moins imaginé voire inventé le lieu d’origine ou encore l’identité des parents de l’aïeul Jean Côté. Le présent texte tente de mettre en lumière quelles pièces du casse-tête sont manquantes et pourquoi elles le demeureront probablement pour toujours.
L’élément écrit le plus ancien, connu et encore disponible faisant état de l’ancêtre Jean Côté demeure la reconstitution réalisée de mémoire des registres religieux qui ont péri lors de l’incendie de la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance, à Québec, en date du 15 juin 1640. Le fait est que ladite chapelle incendiée contenait la plupart des documents religieux et administatifs du Québec de la première moitié du 17è siècle, dont, bien entendu, l’acte de mariage envolé en fumée du couple formé de Jean Côté et Anne Martin. Il apparaît que ce sont les religieux de l’époque qui ont reconstitué de mémoire les registres sans inscrire à chaque acte de mariage le nom des parents et l’origine des paroissiens. Bien entendu, ces renseignements ne figurent pas davantage dans le cas de Jean Côté et d’Anne Martin. Il appert en outre également qu’il n’existe aucun contrat en bonne et due forme évoquant le mariage des Côté et Martin. Aussi, tous les autres contrats notariés concernant l’ancêtre Côté ou son épouse demeurent sans réponse sur leurs antécédents. Tant et si bien que le mystère demeure encore et toujours à cet égard.
Plusieurs, dont Alfred Cambray fait partie, demeurent humbles et avouent leur ignorance sur le sujet. Cambray écrit : «Nous ignorons le pays d’origine de Martin Grouvel, de Jean Côté, François Beaugry, Toussaint Giroux et nous le regrettons, en dépit de nos recherches inlassables »1.
Michel Langlois est l’un de ceux qui dit ignorer la filiation de Jean Côté mais avance tout de même une hypothèse en ce qui concerne les origines de Jean. Il écrit en 1999 : « Nous ignorons la filiation de cet ancêtre, un des premiers habitants du pays. Nous le croyons cependant venu de la Normandie » 2. Il avait précédemment écrit en 1984 : « Jean Côté, un des premiers habitants de Beauport, se range parmi ceux dont nous ignorons jusqu’au lieu d’origine 3» Plus loin, il poursuivait ainsi : « Le fait qu’il se soit installé à Beauport sur une terre voisine de celle de Noël Langlois peut laisser croire que tout comme ce dernier il venait de Normandie ». Mais, tout comme l’indique lui-même Michel Langlois, il s’agit d’abord et avant tout d’une croyance ou d’une hypothèse qui demeure encore et toujours à vérifier.
L’une des sommités en matière de généalogie, René Jetté, écrit quant à lui que l’ancêtre Côté serait « peut-être » originaire de Mortagne-au-Perche mais sans apporter aucune forme de preuve ou de raisonnement crédible4.
Au moins trois sources affirment sans aucune nuance que Jean Côté serait originaire de Mortagne-au-Perche. D’abord, « lors de la fête des familles Côté en 1979, le volume souvenir fait, d’un imaginaire Abraham Côté le père de Jean Côté (…) »5. Un ancien ministre affirme quant à lui sans la moindre retenue que notre ancêtre Jean est « né en 1615 en Mortagne (France) »6. Même une publication prétenduement sérieuse du milieu universitaire affirme que notre ancêtre est originaire de la Mortagne7. Malheureusement, plusieurs sources Internet reprennent en boucle cette méprise qui, nous insistons, ne repose sur aucun document, recherche ou fait crédible.
Laissons le soin à Suzanne et Jean-René Côté de clore la question :
À l’époque où Jean Côté quitta son pays pour venir s’établir en Nouvelle-France, aucun nom de Coste ou de ses variantes n’a pu être retracé à Mortagne ou ailleurs au Perche, par Madame Pierre Mortagne, qui a consacré beaucoup de temps à cette recherche. Le père Archange Godbout, non plus, n’a pu retracé l’origine de Jean Côté lors de ses travaux dans les régions de France qu’il a étudiées. Robert Giffard a peut-être recruté sur sa route notre pionnier, mais où et quand ? Nous n’en savons rien.
Jean Côté était-il Normand ? « Peut-être bien qu’oui, peut-être bien que non »8.
Bref, il est de la plus haute importance croyons-nous de faire preuve d’une rigueur exemplaire, de toujours détenir des preuves et de s’en tenir aux faits lorsqu’il est question de généalogie et d’histoire familiale. Il est primordial de ne pas tourner les coins ronds dans ce domaine. Car, il ne faut pas l’oublier, une erreur en généalogie se reproduit presque à l’infini pour finalement devenir une quasi vérité. Ce qui est navrant pour l’homme de bonne foi qui se fait ni plus ni moins tromper. Comme d’autres l’ont écrit avant : « la répétition des erreurs, en généalogie donne naissance à une désinformation qui, petit à petit, s’introduit dans l’histoire et que peu de chercheurs sont portés à vérifier »9.
Sources
Archives nationales du Québec, Pavillon Casault, Université Laval.
Alfred Cambray, Robert Giffard, Premier Seigneur de Beauport et Les origines de la Nouvelle-France, Cap-de-la-Madeleine, 1932.
Suzanne et Jean-René Côté, Les origines d’Anne Martin et de Jean Côté, dans la revue l’Ancêtre, juin-juillet 1999.
Michel Langlois, Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608-1700), tome 1, 1999.
Michel Langlois, Les ancêtres Beauportois (1634-1760), 1984.
Notes
1Alfred Cambray, Robert Giffard, p. 141.
2 Michel Langlois, Dictionnaire biographique des ancètres québécois (1608-1700), tome 1, 1999, p. 462.
3Michel Langlois, Les ancêtres Beauportois (1634-1760), 1984, p. 53.
4René Jetté, Dictionnaire généalogique des familles du Québec, 1983, p. 273.
5Suzanne et Jean-René Côté, Les origines d’Anne Martin et de Jean Côté, dans la revue l’Ancêtre, juin-juillet 1999, p. 323.
6Jean Cournoyer, La mémoire du Québec: de 1934 à nos jours, 2001, p. 351.
7Marc Picard, Dictionnaire des noms de famille du Canada Français, PUL, 2010, p. 90.
8Suzanne et Jean-René Côté, Les origines d’Anne Martin et de Jean Côté, dans la revue l’Ancêtre, juin-juillet 1999, p. 323.
9Suzanne et Jean-René Côté, Les origines d’Anne Martin et de Jean Côté, dans la revue l’Ancêtre, juin-juillet 1999.